Tenons nous comme un arbre.

Debout les pieds plantés dans le sol, stable, en tailleur les genoux plantés dans le sol. Le reste du corps, par une intelligence qui se fait seule, sans la pensée, trouve son équilibre pour monter la tête vers le ciel. Au milieu, l’énergie des deux qui s’unie dans le ventre.

Vivons comme un arbre.

La pensée discursive passe comme des nuages, la véritable intelligence s’exprime par le corps. Ce que la pensée ne peut concevoir, le corps le ressent. Le corps se tient dans la vie comme un arbre et fait ce qu’il a à faire.

L’arbre qui se tient là ne demande pas à être entouré de montagne ou de pollution. Il se tient juste là indépendamment de ce qui se présente. Quand il fait du soleil, il fait du soleil. Quand il pleut, il pleut. Quand il pousse, il pousse. Quand il casse, il casse. Quand il meure, il meure. Quand il abrite la vie, il abrite la vie. Tout cela, ni il le désire, ni il le rejette, ni il l’ignore. Il ne fait que le vivre. Il fait son oeuvre sans la contrôler.

La goutte de pluie se réalise d’elle-même en tombant. (Shobogenzo – Maître Dogen)

Nous ne sommes pas un arbre. Mais nous sommes un élément de la nature qui n’a rien d’autre à faire qu’à se poser et à laisser sa nature faire les choses, dans le non faire. Quoi que ce soit qui se présente, c’est là, ça vient façonner l’arbre, c’est acceptable et accepté, la mort, la violence, la tendresse, le bonheur, le bruit, le silence…

« Inconsciemment, automatiquement, naturellement. » (Maître Deshimaru)

« Je tiens un journal. J’y écris à quel jour de quel mois les fleures éclosent. Et à quel jour de quel mois les insectes commencent à chanter. Année après année ces dates varient à peine. Elles sont très régulières. C’est là une des lois de la nature. Ce qui s’accorde avec les lois est la nature. La nature est en accord avec les lois. C’est pourquoi je crois que les gens devraient vivre en imitant la nature. Suivez vos désirs, et vous tomberez dans un bourbier de confusion. La nature, elle, accomplit la vérité en silence. Elle ne cherche pas à être admirée ou louée. Nul part il n’est dit qu’elle sera récompensée proportionnellement à ce qu’elle accomplit. Le temps venu, elle laisse les fleurs éclore, et, silencieusement, avec ou sans nos louanges, elle fait ce qu’elle a à faire, puis s’en va, toujours silencieusement. Voilà ce que c’est qu’Être. Ce que sont les enseignements. La vérité. (Ekiho Miyazaki)