Dans un monde où tout va vite et où chacun aspire au bonheur, nous mettons tous en place des actions pour que notre esprit ou celui des autres puisse être en paix. Ces actions, dépendantes de nos croyances, qui elles-mêmes sont influencées par le rythme quotidien du monde, sont plus ou moins vertueuses. Il y a la mère qui travaille pour nourrir ses enfants et leur offrir une éducation. Il y a l’affamé qui saute sur un morceau de viande pour calmer sa faim. Il y a l’homme qui tue dans les abattoirs les vaches pour avoir son salaire, nourrir ses enfants et l’affamé qui se jette sur le morceau de viande. Il y a le masochiste qui à force de souffrances non consenties, termine par les chercher pour s’y accoutumer et gagner du contrôle sur celles-ci. Même Hitler dans ses pires méfaits s’était basé sur des intentions positives. Toutes ces actions, plus ou moins conscientes, nous écartent ou nous approchent de cette paix tant recherchée.

Il y a aussi celui qui médite, qui prie ou qui chante des mantras…

Quand nous trouvons la paix, qu’elle vienne par la pensée, la méditation, la religion, ou autre, notre esprit devient comme une maison, un refuge qui peut accueillir tous les égarés qui ont été malmené par le monde, sa culture, son économie, ses guerres… S’y présentent la mère, l’affamé, l’homme, le masochiste et tous les autres.

Nous les accueillons par notre calme, notre silence, notre écoute…

Ils sont alors surpris, lorsque leurs douleurs s’expriment dans l’agressivité, de ne pas subir les foudres de leur interlocuteur.

C’est comme jeter un caillou et attendre le bruit du fracas, mais n’avoir en retour que le silence et se rendre compte que le caillou n’entre en contact avec aucune surface. Les tensions dans cet espace dégagé peuvent alors se décharger.

Comme un habitant ayant passé le balai dans sa maison et nettoyé les poussières pour y accueillir de manière plaisante ses invités, nous apaisons notre esprit qui devient ce lieu d’accueil et de repos pour ceux qui ont besoin d’une halte.

Nous comprenons alors l’importance de nettoyer sa maison intérieure, pour soi et pour les autres.

Le meilleur produit ménager étant le silence, le non faire.

Dans notre quotidien cet esprit comme un hôtel prend vie quand la boulangère offre un sourire et des yeux pétillants à son client qui sans un bonjour, d’un ton de voix déprimé lui demande une baguette. Il s’exprime dans la voix de cet agent d’un service de réclamation qui, se faisant insulter au téléphone, se met dans la peau de son interlocuteur en souffrance et le lui démontre sans jugement ni animosité. Il s’exprime dans toutes les actions de ceux qui cessent de s’offusquer face à la violence et qui, constatant la souffrance de ceux qu’ils accueillent, se font leurs premiers soins.

Cet esprit comme un hôtel se reflète aussi dans l’écoute d’une mère qui s’intéresse vraiment à ce que lui raconte son enfant, où à l’écoute d’une infirmière qui donne de l’importance à ce que ce retraité lui raconte de son passé. Il se reflète dans l’accueil inconditionnel d’une personnalité que tout le monde cherche à changer. Aussi dans la douceur du geste d’un serveur qui pose votre café sur la table. Et dans le bonjour authentique de l’inconnu que nous croisons dans la rue. Il se reflète dans l’authentique tristesse qu’exprime un proche qui a choisi de ne pas se cacher derrière un faux sourire. Il se reflète en conclusion chaque fois dans l’attitude qui est vraiment là avec nous, dans cet instant et qui n’a pas d’autre attente que de vivre pleinement la situation actuelle. La recette étant de ni désirer, ni rejeter, ni ignorer quoi qu’il advienne.

Le monde n’a pas besoin de héros, de guerriers qui tueraient des milliers d’ennemis pour nous protéger, ou de personnes aux réputations d’élite ayant des titres de chirurgien, psychiatre, grand maître, et autres se vantant de sauver des vies par centaines. Ou d’illuminés ayant des pouvoirs miraculeux. Le monde a juste besoin des personnes ayant un esprit comme un hôtel, qui sachent accueillir la réalité telle qu’elle se présente et y répondre avec paix.

Tel le nid qui permet au poussin de naître, l’esprit comme un hôtel permet à la paix de jaillir.